Synthèse de la conférence

Le 13 décembre 2003, AIDE-Fédération a ouvert son troisième débat sur une question sensible et placée au cour de l’actualité politique, en invitant des élu(e)s, d’adjoints de Maires, de conseillers municipaux, de Maîtres de conférences et de chercheurs de plusieurs Universités, de militants politiques et syndicaux et de représentants d’associations européens à s’exprimer au sujet de « la représentation des Européens issus de l’immigration au sein des partis politiques, des syndicats et de la fonction publique ». Pour éviter que la conférence ne se transforme en plate-forme de campagne électorale, chacun des quatre ateliers qui la constituaient réunissait des intervenants de même sensibilité politique.

La journée a débuté par une allocution de Madame Amely-James Kohbela , qui a remercié les invités et les participants de leur présence.

Monsieur Abdelkbir EL HAKKAOUI , Président d’AIDE-Fédération, a ensuite posé les termes du débat en rappelant que certains principes fondamentaux des Droits de l’Homme sont encore bafoués dans de nombreux pays, que des inégalités et des discriminations subsistent. Or il appartient à une démocratie d’éviter toute distinction entre ses citoyens, et au modèle d’intégration « à la française » toute différenciation entre Français « de souche » et Français « d’origine étrangère », spécialement dans l’accès aux responsabilités politiques. Une population multiculturelle qui contribue à enrichir la France et l’Europe, dans l’ensemble des domaines, ne peut indéfiniment être cantonnée aux rôles « d’utilité » dans les diverses instances européennes.

Malheureusement ,Nous ne pouvons que constater que dans les esprits et les mentalités de nos politiciens ,les calculs électoralistes à court terme l’emportent trop souvent , au détriment d’une prise en compte réelle de la construction de notre avenir commun dans une Europe soucieuse d’égalité, de justice et donc d’équité entre ses citoyens.

Ces blocages auxquels on se heurte émanent de ceux qui pensent non avec leur tête, mais avec leur race., sinon ,nous n’en serions pas là aujourd’hui .

Michel ARAB a confirmé cette absence des Français issus de l’immigration dans les syndicats, la haute administration et les partis politiques, mais a précisé que les Français issus de l’immigration ne sont pas tous considérés de la même manière. Les immigrés des troisième et quatrième générations d’origine arabo-musulmane ou subsaharienne rencontreraient plus de difficultés dans l’accès aux postes politiques que ceux de la deuxième génération originaires d’autres régions du monde. Selon Michel ARAB , la lutte contre cette inégalité dans l’accès aux instances politiques réclame de créer une force collective, de s’insurger contre toutes les formes de discriminations et de faire des propositions, ce pourquoi cette conférence citoyenne pour l’égalité a été organisée.

« Les espaces socioculturels et médiatico-politiques ne jouent-ils pas un rôle de diabolisation à même de freiner le gommage des disparités entre les citoyens français, européens ? » constituait le fil directeur du premier atelier. Monsieur Mohamed BENKHALIFA ,

Mademoiselle Hanane Harrath , Monsieur Amirouche Laidi , Madame Marie Thérèse Atallah et Monsieur Tariq Ramadan sont intervenus sur cette question, soutenant l’idée que les espaces socioculturels et médiatico-politiques entérinent, et parfois même alimentent, les distinctions entre les citoyens français, européens. Ils nourrissent les communautarismes et accentuent la stigmatisation dont certains Européens issus de l’immigration font l’objet.

Les expressions employées par les espaces socioculturels et médiatico-politiques constituent l’un des éléments qui freinent, sciemment ou non, le gommage des disparités entre les citoyens français, européens. Il en va du bon usage de la « parole ». La question n’est plus de définir convenablement les termes employés, mais de ne plus employer certaines termes. Car certaines formulations marquent à elles-seules une frontière. Les Français « issus de l’immigration » ou « d’origine étrangère » sont Français. Le qualificatif détruit ici le contenu politique du substantif. Il crée une différenciation qui n’a pas lieu d’exister dans la définition nationale française. Le danger d’une certaine discrimination positive qui nomme des « Préfets musulmans » est ici même – en plus d’être ailleurs. Elle met des qualificatifs là où le modèle d’intégration à la française postule l’irrégularité d’en apposer. D’autant que le qualificatif appliqué est en lui-même socialement et historiquement illégitime, car les Français issus de l’immigration, même en se limitant à l’immigration maghrébine, sont-ils tous musulmans ? Pourquoi appliquer une discrimination positive à une partie de la population française en activant cette référence religieuse ? Pour distinguer le « nous-Français-non-musulmans » du « vous-Français-musulmans » ? Pour engendrer une communauté musulmane et par extension identitaire, une communauté non-musulmane, voire anti-musulmane ? Pour quelle raison valable est-il justifié de concevoir un tel rempart social ?

Ensuite, les espaces socioculturels et médiatico-politiques ne semblent pas identifier le poids de la mémoire coloniale. Une partie de la société française porte la mémoire, victime et malade, des pays colonisés, et cette mémoire invalide toute possibilité d’être acteur de l’histoire. En ne participant pas à reconnaître ces Français comme sujet de leur histoire, en les laissant à l’état d’objet, qui se domine et se manipule, les espaces socioculturels et médiatico-politiques marquent un déséquilibre social et historique. Le rapport de pouvoir potentiel entre les communautés colonisatrice et colonisée s’est déplacé sur le sol français, où cet héritage historique ne concourt pas à gommer les disparités. Rétablir un certain équilibre entre les différentes communautés de la société française nécessite de pacifier la mémoire. Des moments de l’histoire ont été mis de côté, bâclés, oubliés. Les restituer, laisser la parole à ceux qui en supportent le souvenir est une étape nécessaire dans le processus de convalescence.

Enfin, la communauté française issue de l’immigration est constamment associée par les médias à des phénomènes de violence, de délinquance et de misère sociale. Les réussites sociales de Français issus de l’immigration n’y ont pas leur place. En conséquence, elles n’ont pas non plus leur place dans les imaginaires. Comment, dès lors, prétendre atteindre un objectif que nul ne croit accessible ? Sans possibilité imaginaire, pas d’aspiration ni de mise en ouvre des moyens pour les atteindre. Si les sociétés modernes imposent de respecter certains principes dans le but d’atteindre à terme une condition économique et sociale « normalisée », et si les objectifs à atteindre sont, pour une partie de la population, présentés comme irréalisables, pourquoi cette même population signerait-elle le contrat social ? D’autre part, les paradigmes proposés aux Français issus de l’immigration pour « réussir » leur intégration les excluent d’emblée des sphères de décisions politiques. Le sport est un de ces paradigmes. Il interpelle l’imaginaire dès le plus jeune âge, use de figures symboliques susceptibles de résister au temps, ranime le sentiment national, se propose comme exutoire. Il est un schéma référentiel efficace, aisément « activable », conservateur et inoffensif, dans la mesure où il ne peut mettre en danger le système de renouvellement politique.

Aussi, pour permettre un réel gommage des disparités entre les citoyens français, européens, les espaces socioculturels et médiatico-politiques devraient-ils développer l’idée qu’il est possible d’être totalement Français, quelle que soit son origine, sa religion, sa classe sociale, ses choix politiques. Homme ou femme, jeune ou vieux, génération Hippies ou Disco, athée, chrétien, juif ou musulman, d’origine maghrébine, slave ou asiatique, arabe ou berbère, ouvrier ou patron, communiste ou gaulliste, l’identité est nécessairement plurielle et « chacun a le droit de son identité ». Il n’appartient pas aux espaces socioculturels et médiatico-politiques de l’imposer, à qui que ce soit. Il leur revient au contraire de restituer à l’identité française sa définition inclusive, de favoriser une mémoire positive des Français issus de l’immigration, de remplacer le prisme de la culpabilité par le prisme de la responsabilité, de reconnaître la multiplicité identitaire et toutes les richesses de l’identité multiple. Il ne s’agit pas de faire de la politique du symbole. Il s’agit, pour les espaces socioculturels et médiatico-politiques, de reconnaître l’engagement des Français issus de l’immigration dans les quartiers et, pour les Français issus de l’immigration, d’investir davantage le local, de développer la démocratie participative. La pensée collective se constituant d’abord dans le local, c’est la démocratie participative locale qui peut permettre de développer une pensée européenne inclusive __

Dans le deuxième atelier, Mesdames Marie NAGY, Khédidja BOURCART et Halima Boumédienne, toutes de sensibilité écologiste, ont été invitées à s’exprimer sur l’existence – ou non – de la singularité de l’action politique pour l’élu issu de l’immigration. Deux attitudes politiques se dégagent de ces interventions : l’une peut être qualifiée d’« universaliste », l’autre se veut délibérément « communautariste ». Ces deux attitudes théoriques ne sont pas si éloignées l’une de l’autre dans la pratique car, si l’approche universaliste de Marie NAGY et Khédidja BOURCART est marquée par la singularité de leur expérience, l’attitude communautariste d’ Halima Boumédienne ne la conduit pas nécessairement à favoriser une population au détriment d’une autre.

Le parcours personnel de Marie NAGY ne se comprend que par rapport à l’émergence, en Belgique, d’un nouveau parti politique, le parti Ecolo, qui a ouvert ses portes à des immigrés et leur a fait une place dans ses rangs. D’après elle, son insertion politique aurait été bien plus délicate si elle avait opté pour l’une des grandes familles traditionnelles belges. Elle a évoqué les difficultés qu’elle avait rencontrées pour s’intégrer en Belgique. D’origine colombienne, elle ignorait tout de la culture belge. Aussi son vécu personnel lui permet-il de mieux comprendre les obstacles auxquels les immigrés se heurtent, à l’heure actuelle, pour adopter les codes, les normes et les coutumes de leur pays d’accueil. Ne pouvant être indifférente à leur sort, son approche des problématiques de l’immigration, du droit d’asile ou de l’expulsion des étrangers est empreinte d’empathie. « Derrière chaque dossier, chaque fiche, chaque image, soit policière soit bureaucratique, il y a un parcours que je ne connais pas, mais que je peux imaginer », dit-elle. Elle a décidé de s’engager à Bruxelles même, parce que ville plurielle traversée par des problématiques qui l’interpellent. Elle est, du reste, identifiée par la population bruxelloise comme étant « issue de l’immigration », ce qui lui confère une place à part dans la vie politique belge, sachant que seulement huit députés et sénateurs sur cent-cinquante députés et soixante-dix sénateurs sont issus de l’immigration.

Pour Khédidja BOURCART , il s’agit d’abord de savoir de quelle immigration il est question. Elle-même n’est pas issue de l’immigration, dit-elle, mais descendante d’ouvriers algériens. Par là même elle suggère, d’une part de distinguer les différentes générations d’immigrés, d’autre part de différencier les facteurs sociaux des facteurs « ethniques ». La proportion de Français issus de l’immigration élus en politique, comparée à la proportion de Français issus de l’immigration dans la population française, peut certainement sembler dérisoire. Les partis politiques doivent s’ouvrir à la diversité de la société française et les Français issus de l’immigration trouver le moyen de rentrer dans les partis politiques pour les sensibiliser à leurs conditions sociales. Seulement, le faible pourcentage d’enfants d’ouvriers dans les instances politiques françaises, par rapport au pourcentage d’enfants d’ouvriers en France, peut tout autant attirer notre attention. En premier lieu, l’analyse d’une situation problématique requiert d’isoler les différents facteurs sociaux. Khédidja BOURCART précise aussi qu’elle est une élue de proximité, qu’elle a acquis une certaine culture politique d’abord dans le monde associatif, puis en essayant de comprendre l’ensemble des gens de son quartier. Elle est actuellement en charge des Etrangers de la ville de Paris, mais ce n’est pas un choix de sa part. C’est une charge qui lui a été proposée, compte-tenu de ses origines « immigrées ». Car, finalement, ce sont les autres, ainsi que le regard des politiques et de toutes les communautés qui créent sa singularité. Si elle assume dorénavant sa communauté de destin, elle se refuse à être le porte-parole d’une communauté en particulier et lutte contre toutes les formes de communautarismes car, lorsque l’on est un élu, dit-elle, on prend l’engagement d’ouvrer pour l’ensemble de la société. Elle admet néanmoins que c’est son vécu personnel qui l’a conduite à essayer de rendre visible les invisibles, de donner une visibilité aux étrangers de Paris, et que c’est avec sa sensibilité qu’elle remplit sa mission d’établir des passerelles entre les différentes communautés en vue d’un destin collectif.

Halima Boumédienne a une posture politique bien différente des deux intervenantes précédentes, dans la mesure où elle assume et revendique sa singularité, l’image d’elle-même que les autres lui renvoie. Au début de son militantisme, elle pensait qu’il fallait d’abord se faire entendre par ses spécificités. Très rapidement elle a été cataloguée comme une « communautaire ». Aujourd’hui, militante associative et politique, députée européenne, elle est fréquemment « assignée à résidence », « au pied du mur », d’après ses propres termes. C’est à elle que l’on s’adresse lorsqu’il s’agit de marier des femmes qui portent le voile et refusent de l’ôter. Cette singularité que les autres lui confèrent, elle la revendique. Elle veut être la voix des sans voix, défendre les citoyens qui ne sont pas reconnus tels et se battre pour la cause palestinienne. Ce parti pris n’est pas en contradiction, dit-elle, avec sa volonté de répondre aux aspirations et aux attentes de l’ensemble des citoyens. Elle explique du reste que l’élu « issu de l’immigration » doit se situer sur deux dimensions avec lesquelles il est possible de jongler : la dimension « territoriale » d’un travail d’élu « tout court » et la dimension « communautaire » d’un élu « issu de l’immigration ». En assumant cette dimension « communautaire », un élu peut alors contribuer à sensibiliser la société aux spécificités sociales induites par le fait d’être un « issu de l’immigration ».

« L’égalité pour tous dans l’accès aux responsabilités politiques est-elle possible aujourd’hui ? » était la question posée, dans le troisième atelier, à Madame Isabelle DEBRE et Monsieur Rachid Mokran , deux militants de l’UMP. Isabelle DEBRE pouvait ainsi s’exprimer sur son parcours politique en tant que femme, Rachid MOKRAN en tant que « issu de l’immigration ».

Isabelle DEBRE a expliqué qu’elle est entrée en politique par le militantisme associatif. En 1995, on lui a demandé d’être élue locale. Lors des élections pour la présidence du RPR, elle a décidé de soutenir, à titre personnel, Michèle ALLIOT-MARIE qui, contre toute attente, a été élue et lui a alors proposé d’être Secrétaire national à l’Action Humanitaire et aux Droits de l’Homme au sein du RPR. En 2001, Isabelle DEBRE s’est présentée aux élections municipales de sa ville. Devancée par un UDF, elle a fait alliance avec lui au second tour et se retrouve aujourd’hui premier adjoint au Maire. Il n’apparaît pas que le fait d’être une femme ait exposé son parcours politique à des obstacles particuliers. En revanche, elle a rencontré des difficultés pour trouver des candidatures féminines ou issues de l’immigration au moment de constituer sa liste électorale. Selon elle, il faut avoir le courage de faire acte de candidature. Il n’est pas possible d’être élu sans avoir milité au sein d’une instance politique, ni d’acquérir une culture politique sans investir le terrain. Il ne peut y avoir une réelle représentation politique des Français issus de l’immigration si des Français issus de l’immigration ne s’engagent pas. Certes, elle admet qu’il y a certains accords et calculs dans les hautes sphères politiques. A la base, en revanche, il faut se battre, réussir à s’imposer, affronter les urnes. C’est par le local que l’action politique commence.

Après avoir présenté un rappel historique sur l’instrumentalisation politique des Français issus de l’immigration, Rachid MOKRAN a expliqué qu’il avait longtemps milité dans le monde associatif et qu’un jour il a rencontré Renaud DUTREIL. Il lui a exposé ses critiques et ses idées. Renaud DUTREIL lui a dit « OK banco, j’ai envie de t’associer à cette aventure qui est l’Union en Mouvement. Viens amener tes idées, tes propositions » et Rachid MOKRAN a finalement trouvé sa place à l’UMP. Il a ensuite créé un mouvement, « Diversité Républicaine Initiatives en Mouvement », grâce auquel il pense pourvoir faire valoir un certain nombre d’idées, de valeurs et de convictions. Son ambition aujourd’hui est de s’inscrire dans la durée. « Je ne suis pas quelqu’un qui veut devenir quelqu’un, dit-il, je veux faire des choses ». Ainsi il ne semble pas avoir rencontré, dans son parcours politique, de difficultés particulières pouvant relever de ses origines. Selon lui, la politique étant avant tout une histoire de rapport de force, l’égalité des chances ne peut se « mendier ». Il faut être sur le terrain, dans l’action. Il refuse la discrimination positive, car « les mots que l’on utilise peuvent se retourner contre nous ». Il préfère parler de « solidarité positive » et donner des moyens supplémentaires à des territoires qui ont « décroché ».

Si l’égalité dans l’accès au politique n’est pas remise en question aujourd’hui, l’égalité dans l’accès aux responsabilités politiques, aux postes décisionnels semble, elle, au vu des accords qui s’établissent dans les hautes sphères, au vu aussi, peut-être, d’une certaine censure sociale que les Français issus de l’immigration s’infligent à eux-mêmes, impossible.

Francine BAVAY et Anne HIDALGO ont ensuite été invitées, au sein du dernier atelier, à donner leur avis sur la question « la culture et les pratiques des infrastructures politiques permettent-elles réellement l’ascension des militants issus de l’immigration ? ». D’après elles, il existe des résistances à l’ascension des militants issus de l’immigration. C’est pourquoi les Verts et les socialistes, qui se sont engagés à tendre vers une meilleure représentation de la société française, ont, chacun de son côté, décidé qu’il y ait un nombre suffisant de Français issus de l’immigration sur leurs listes électorales.

Francine BAVAY a d’abord fait le constat d’un paradoxe généralisé : lorsque l’on construit un outil pour transformer la société, cet outil ressemble à la société que l’on souhaite transformer. La structure des partis politiques étant conforme à celle de la société que l’on souhaite modifier, elle représente rarement un archétype progressiste. Autrement dit, bien que la volonté des appareils politiques soit de faciliter l’ascension des Français issus de l’immigration, et notamment des minorités visibles, leur infrastructure ne permet pas encore cette impulsion. Toutefois il existe, selon elle, des freins réels à la représentation de toute la diversité française. L’insuffisance de proportionnelle aux élections législatives en fait partie, car la loi électorale détermine la structure politique. Sans des outils tels que la proportionnelle, en mesure de favoriser l’expression de la diversité culturelle française, la représentation nationale ne peut saisir la complexité des problématiques politiques. Pour une représentation plus démocratique de la société française dans les instances politiques, les Verts ont institué une commission dont le rôle est de vérifier la parité des têtes de liste, la reconnaissance des différentes tendances internes aux Verts et la proportion de Français « visiblement d’origine étrangère » sur les listes électorales . Francine BAVAY propose également une autre solution, plus originale, qui est de tirer au sort les représentants d’un parti politique parmi les volontaires. Sa proposition a eu peu de succès lorsqu’elle l’a présentée. Il lui semble pourtant que ce n’est pas par hasard si la démocratie grecque avait abouti à cette solution.

Pour Anne HIDALGO , le manque de représentativité des instances nationales en

France, qui résulte entre autres d’une insuffisance de représentation proportionnelle et de la possibilité de cumuler des mandats, est à l’origine du désintérêt actuel pour la politique. Il faut davantage de militants engagés dans une culture de la responsabilité politique et davantage de renouvellement politique. Une motion proposée par François Hollande portant sur le renouvellement, à chaque échéance électorale, d’un tiers des candidats sur les listes et une meilleure représentation des Français issus de l’immigration a été adopté à 62% par les socialistes. Le parti socialiste s’est donc engagé dans une politique volontariste pour permettre l’accès des Français issus de l’immigration aux instances du parti, ce qui signifie bien que la culture et les pratiques des infrastructures socialistes ne permettent pas, dans l’état actuel des choses, l’ascension des militants issus de l’immigration. Pour les élections régionales, le parti a émis des directives que les différentes fédérations n’ont pas toujours respectées. Aussi a-t-il fallu, explique Anne Hidalgo , les « rappeler à l’ordre » et les contraindre à augmenter le nombre de Français issus de l’immigration en position éligible sur leurs listes, en privilégiant évidemment ceux qui disposent d’un passé militant, soit associatif soit politique, garantissant leur légitimité. Car – et Anne Hidalgo le mentionne – beaucoup d’adhérents socialistes sont issus de l’immigration, mais ils n’accèdent ni aux responsabilités dans les instances du parti ni aux listes électorales. Ils sont dans l’incapacité de peser au sein de l’appareil.

Francine BAVAY et Anne HIDALGO se rejoignent par ailleurs sur l’idée que la discrimination positive n’est pas une démarche à bannir en soi. La gauche a toujours fait de la discrimination positive en mettant en place des politiques sociales pour intervenir sur certains territoires défavorisés. En revanche, nommer un Préfet musulman est une décision qui discrédite le bien-fondé d’une certaine discrimination positive.

Avant l’allocation de clôture d’Abdelkbir EL HAKKAOUI , Président d’AIDE-Fédération,

Il a espéré qu’il n’est pas déjà trop tard et que les prochaines élections électorales et les nominations seront tenir compte des exigences d’une réalité sociale qu’il convient sérieusement de prendre en compte en ne bafouant pas injustement et arbitrairement une partie de sa composante.

Il est persuadés que la réalisation d’une société démocratique et pluraliste, respectueuse de l’égale dignité de tous les êtres humains, demeure l’un des objectifs principaux de la Construction Européenne.

Et enfin le « forum des propositions » a mis en exergue la nécessité d’effectuer une radioscopie en Europe de l’accès aux responsabilités politiques et de lancer une Convention Européenne des Citoyens issus de l’immigration.