Allocution
de Mme Nouzha SKALLI
Ministre du Développement
social
de la Famille et de la
Solidarité
-
Monsieur le
président de la Fédération des Agences Internationales pour le
Développement ;
-
Mesdames et
messieurs les ministres ;
-
Monsieur le
représentant résident du PNUD ;
Je
voudrais tout d’abord féliciter Aide- Fédération qui n’a cessé
depuis 1986 de militer pour la réduction des inégalités et de venir
en aide aux plus démunis. Je voudrais également vous féliciter pour
votre 22éme anniversaire et bien sûr pour l’organisation de cet
important forum citoyen sur les OMD qui se tient sur le thème :
« ensemble comment surmonter les obstacles pour atteindre les
objectifs de la déclaration du millénaire pour le développement
d’ici 2015 au Maroc : obligations et défis »
Je tiens a cette
occasion à adresser à l’ensemble des organisateurs et organisatrices
mes sincères félicitations pour cette initiative et pour le choix du
thème qui s’inscrit parfaitement dans la dynamique du Maroc pour le
développement durable où les hommes et les femmes sont bénéficiaires
mais aussi et surtout des acteurs et actrices de ce développement.
Nous sommes confiants que les travaux de ce forum seront l’occasion
de continuer les débats, les concertations et les analyses et de
produire des recommandations pour l’amélioration de la qualité de
vie des citoyens et citoyennes donc l’atteinte des objectifs du
millénaire.
Au Ministère du
Développement Social de la Famille et de la Solidarité nous sommes
particulièrement attachés à la réalisation des OMD, aux huit OMD car
ils sont au cœur des missions de notre Ministère qui vise une grande
majorité de la population.
En effet nous sommes en
charge des pauvres, des marginalisés, des exclus, des femmes, des
enfants, des personnes âgées et des personnes handicapées.
La réussite de notre
mission est bien évidemment impossible si nous ne pouvions compter
que sur la seule action de notre ministère. Nos missions sont toutes
transversales et leur succès est lié à notre capacité de coordonner
les actions gouvernementales pour les faire converger vers la
réalisation de ces objectifs.
Nous avons une riche
expérience en la matière à travers par exemple le Plan d’Action
Nationale pour l’Enfant, ou la stratégie de l’égalité et de l’équité
entre les sexes. Et nous sommes en train d’œuvrer en partenariat
avec les différents secteurs gouvernementaux et avec le soutien du
PNUD à la mise en place d’un programme cadre de lutte contre la
pauvreté.
Le succès de notre
action est également lié à notre capacité de mobiliser tous les
acteurs autour des objectifs de développement et particulièrement,
les associations de la société civile qui constituent un véritable
gisement de compétences et de citoyenneté, à l’instar d’Aide
Fédération. Celles-ci sont aujourd’hui promues au statut de
partenaires institutionnels des politiques publiques et ceci
particulièrement depuis le lancement de l’INDH en Mai 2005 par Sa
Majesté Mohammed VI.
Toutes ces conditions
sont aussi indispensables pour achever la réalisation des huit OMD
adoptés par la communauté internationale il y a huit ans visant a
assurer le respect de l’environnement, le développement et
l’élimination de la pauvreté, la protection des groupes vulnérables,
l’élimination des inégalités de genre, la réponse aux besoins
spéciaux des catégories sociales, le respect des droits humains, de
la démocratie de la bonne gouvernance.
Le Maroc qui croit
pleinement en ces nobles objectifs a adopté les OMD et a confié leur
suivi au Haut Commissariat au Plan qui élabore un rapport périodique
avec la contribution effective des acteurs nationaux au niveau
central ou régional. Ce rapport a converti les OMD en cibles (ou
sous-objectifs) nationales.
Le nouveau pacte social
annoncé dans la déclaration générale du nouveau gouvernement vise à
traiter les grandes préoccupations des citoyennes et des citoyens,
notamment les déficits sociaux comme la pauvreté, l’exclusion et la
précarité, les inégalités de genre, le travail des enfants (garçons
et filles) et l’intégration des personnes à besoins spécifiques tel
que visé par les OMD.
Pour décliner les
dispositions de ce nouveau pacte social, un effort a été déployé
depuis 2003 pour enrichir les indicateurs et les cibles des OMD,
intégrant ainsi, les préoccupations différenciées de genre et les
spécificités des régions.
En effet, suite au
processus de concertation mené en 2005, il y a eu un enrichissement
même par rapport aux cibles adoptées officiellement par
l’Organisation des Nations Unies. Cette démarche a permis d’affiner
la lecture de l’évolution des faits, parfois de présenter des
évolutions favorables non captées par les cibles internationales des
OMD et de tenir compte des suggestions des organisations de la
société civile et des acteurs au niveau local.
Sur cette base l’Etat
marocain a élaboré en 2005 et 2007 des rapports dressant les bilans
d’étapes par rapport à la mise en œuvre des OMD. Ces rapports ont
permis en plus de l’état des lieux recueillis par rapport à chaque
objectif, de lancer un débat national constructif pour renforcer la
tendance de leur mise en œuvre et préciser les tendances à
renforcer selon les huit objectifs.
Ainsi, la marche vers la
consolidation de l’Etat de droit et de démocratie ne cesse
d’enregistrer des avancées, notamment en matière de liberté
d’expression, de mise en place d’institutions gardiennes de ces
droits notamment la HACA, le CCDH, Diwan Al Madalim et Instance
Equité et Réconciliation…
Sur le plan législatif ,
des réformes structurantes ont été réalisées à travers le Code du
travail, le Code de la famille fondé aujourd’hui sur l’égalité et la
co-responsabilité entre époux, le Code de la Nationalité, le code
pénal…
D’autres législations
sont en cours d’élaboration, notamment le projet de loi contre les
violences fondées sur le genre et le projet de loi pour la promotion
des droits des personnes handicapées… parmi les plus importants.
Enfin les programmes en
cours pour réformer la justice, sont autant d’initiatives qui
démontrent la détermination du royaume du Maroc à instaurer un
environnement législatif garant de la mise en œuvre des OMD.
Sur le plan social et
humain le Maroc mène une politique volontariste de développement,
laquelle, revêt depuis l’avènement de Sa Majesté le Roi Mohammed VI
une dimension prioritaire.
En 2009 la part des
dépenses publiques affectée aux secteurs sociaux est de plus de 50%,
la scolarisation est placée au centre des préoccupations surtout
suite aux résultats d’évaluation du Conseil supérieur de
l’Enseignement qui a abouti entre autre à un programme d’urgence axé
particulièrement sur le monde rural et la scolarisation de la petite
fille ; la santé a connu aussi des avancées majeures à travers la
mise en place de l’Assurance Maladie Obligatoire, et dans quelques
jours il y’aura le lancement du RAMED un système d’assurance maladie
pour les démunis dans la région pilote de Tadla Azilal.
Et pour appuyer le
développement humain Sa Majesté le Roi appuyé par son gouvernement à
lancé de grandes réformes sociétales qui mobilisent toutes les
forces sociales et politiques. Ces réformes touchent principalement
la lutte contre les disparités régionales, contre la discrimination
à l’égard des sexe et pour la résorption de l’habitat précaire, le
tout couronné par le grand chantier national d’envergure:
l’Initiative Nationale de Développement Humain (INDH).
Cette initiative qui
institue la lutte contre la pauvreté et la précarité comme
composante constante et prioritaire du développement économique et
social du pays. Elle a ciblé les 403 communes rurales les plus
pauvres et 267 quartiers défavorisés des villes.
Grâce à une approche
inclusive, participative et partenariale, l’INDH constitue
aujourd’hui un modèle de gouvernance basé sur la démocratie
participative et un changement conceptuel majeur dans la conduite
des politiques publiques de développement social et humain en
tablant sur la proximité.
Enfin le programme
transversal de renforcement des capacités des acteurs
institutionnels et de la société civile contribue à la mise en œuvre
de l’INDH et des autres programmes de l’Etat. Il vise le même
objectif mis en œuvre par notre ministère et les établissements
publics qui constituent avec nous le pole social : l’Entraide
Nationale et l’ADS, comme le programme national de l’entraide des
ONG mené par le MDSFS.
Une réforme budgétaire
engagée au Maroc depuis 2002 a mis en place une gestion axée sur les
résultats, ce qui permet l’introduction de l’approche genre et fait
de notre pays, un des plus avancés en matière de budgétisation
sensible au genre.
Par rapport à l’OMD3, le
gouvernement marocain a adopté une stratégie nationale de l’équité
et de l’égalité entre les sexes dont la mise en œuvre vise à
promouvoir la participation des hommes et des femmes au processus de
développement durable, à les faire bénéficier à titre égal des
fruits de cette contribution.
En matière de marche du
Maroc vers l’égalité, le Maroc vient de marquer sa volonté ferme
d’aller de l’avant de façon déterminée vers la concrétisation de
cet objectif. Sa Majesté le Roi Mohammed VI vient en effet de
proclamer le 10 Octobre, journée Nationale de la femme Marocaine en
commémoration du jour de l’annonce par Sa Majesté de la Réforme du
Code de la Famille devant le Parlement. Ce jour sera dorénavant
l’occasion, chaque année de faire le point, d’évaluer sa marche vers
l’égalité.
Aussi, le Ministère du
Développement Social, de la Famille et de la Solidarité a contribué
activement à l’élaboration du rapport national sur les OMD (2005 et
2007) en élaborant selon une approche concertée le rapport sur l’OMD
3 et en veillant à l’intégration des préoccupations de genre dans
les autres objectifs. Dans ce cadre, et pour la première fois en
2007, le Maroc a déplacé le débat sur la pertinence d’atteindre des
OMD vers le niveau local pour adapter les rapports nationaux aux
spécificités locales (y inclure des indicateurs permettant de
dresser des bilans d’étape au niveau local/par région) et ceci à
l’occasion d’organisation de plusieurs séminaires de présentation,
et de discussion du rapport national sur les OMD.
Et puisque nous parlons
du niveau local, et au moment ou notre pays se trouve à quelques
mois de l’organisation des élections municipales, le défi
stratégique qui se pose à nous aujourd’hui est de surmonter le
problème de la faible représentation des femmes au niveau des postes
de décision.
En effet nous avons à
dépasser le paradoxe entre la représentation très honorable des
femmes au sein du gouvernement à travers 7 femmes ministres soit 20%
de ses membres, plus de 10% au parlement et seulement 0,56% au
conseils municipaux, ce qui constitue un obstacle au développement
social. A ce sujet le gouvernement s’apprête à adopter des mesures
volontaristes à l’instar de ce qui avait été fait pour les élections
législatives de 2002 pour assurer un quota de représentativité des
femmes dans l’ensemble des communes.
Malgré donc les avancées
réalisées, le Maroc a une conscience aigue des retards. Mais sa
volonté est ferme de les surmonter. Pour cela nous comptons bien
entendu sur nos efforts propres et sur notre mobilisation sociale,
mais nous comptons également sur un partenariat mondial efficace
orienté vers les OMD.