NAJAT AZMY et NOUR-EDDINE OUSSOUS


L’éducation est la clef du développement, nous voulons permettre aux enfants de toutes classes sociales avec un accent particulier en direction des plus démunis, mais aussi des filles, qui sont les adultes de demain d’acquérir des connaissances, le savoir ainsi que l’esprit d’analyse en vue d’organiser la société de demain qui se construit aujourd’hui avec eux.
« Assurer l’éducation pour tous »


Introduction
Le but de notre contribution n’est pas de dresser un bilan de ce qui a été réalisé pour satisfaire l’objectif 2 (un certain nombre de personnes vont certainement le faire). Il n’est pas non plus de critiquer ce qui a été fait (il n’y a que ceux qui ne font rien qui ne sont jamais critiqués). Notre but est surtout d’explorer un certain nombre de pistes qui permettront à notre avis de faire jouer à l’école son rôle de moyen pour échapper à la pauvreté intellectuelle et matérielle. Notre reflexion ne vise pas uniquement l’école primaire mais l’ensemble de notre système éducatif. On constate que le niveau de l’éducation dans notre pays reste faible comparé à son développement économique. De plus en plus d’investisseurs étrangers viennent investir au Maroc et ils espèrent y trouver une main d’oeuvre qualifiée voire hautement qualifiée. Le risque est d’arriver un jour à une situation où l’on ne pourra pas répondre à la demande de ces investisseurs ! D’un autre côté, il y a une demande intérieure en mains d’oeuvre qualifiée pour rester compétitif et malheureusement notre système éducatif ne peut pas dans son état actuel répondre à toutes ces demandes. Aujourd’hui, un maçon, un plombier, un électricien doivent être instruits et qualifiés pour être capables de lire et d’exécuter un plan d’architecte voire de lire et d’appliquer des normes de construction. On peut dire que la Maroc a atteint l’objectif 2 : « Assurer l’éducation primaire pour tous » mais, est ce que tous les enfants qui commencent le cycle primaire le finissent ? Combien d’enfants continuent dans le secondaire ? Ce passage dans l’école primaire permet-il à ces enfants d’avoir une vie meilleure ?


Enseignement primaire
Sur un plan purement matériel, on peut dire que l’objectif 2 «Enseignement Primaire pour Tous» est atteint. Mais, est-ce que cela suffit ? Quelle est la réalité actuelle pour les populations ? Que faut –il faire de plus ? Si l’on peut dire que tout enfant a la possibilité d’intégrer une école cela ne veut pas dire que tous les enfants le font ou ont des moyens personnels pour le faire. En effet, dans les zones rurales très reculées, il n’est pas toujours facile d’accéder aux écoles surtout par temps de grand froid. Les conditions sont parfois tellement difficiles que les enfants renoncent à l’école totalement ou partiellement. Les enfants sont souvent mal habillés et mal chaussés et même quand ils font l’effort d’aller à l’école, ils y arrivent dans un état pitoyable. Il serait donc important de compléter l’offre des écoles par un système d’internat sur au moins la période difficile de l’année ou bien par un système de ramassage scolaire pour amener ces enfants à l’école dans un état acceptable. Ce problème d’éloignement se retrouve aussi au niveau du
collège et du lycée. Même quand les écoles sont là, il n’est pas toujours aisé pour les parents de scolariser (tous) leurs enfants. En effet, les conditions matérielles des familles et le coût de scolarité ajouté au coût de la vie font que beaucoup de familles sont vite amenées à choisir entre la scolarisation de leurs enfants et leur nourriture. Malheureusement, quand il faut faire un choix, ce sont en général les filles qui en font les frais. Il arrive également que les familles déscolarisent leurs enfants pour que ces derniers les aident pour faire face à la cherté de la vie. Pour que les familles n’aient pas à faire ce type de choix, il faut prendre en charge les frais de scolarité des enfants des familles les plus pauvres et obliger ces familles à laisser leurs enfants à l’école au moins jusqu’à la fin du collège. Autrement dit rendre l’école obligatoire et aider les familles les plus pauvres à supporter les frais de scolarité de leurs enfants.
Il faut noter qu’une dizaine de pays d’Afrique ont adopté cette solution pour augmenter le taux de scolarisation. La charte de l’enseignement de 1999 définit les programmes de l’école primaire. A notre avis, l’école doit aussi jouer son rôle de moyen d’éducation en inculquant à l’enfant toutes les valeurs fondamentales de la vie en société : respect de l’autre, esprit de groupe et de travail en équipe,… Un enfant qui fréquente l’école doit avoir l’envie d’y rester et d’aller le plus loin possible. Il faut que l’enfant comprenne tout de suite que l’école est un moyen qui lui permettra d’échapper à la pauvreté. Pour cela, l’école doit convaincre l’enfant qu’elle permet des ouvertures à différents niveaux vers différents métiers.


Propositions
- Intensifier la scolarisation de tous les enfants en âge d’aller à l’école
- favoriser la scolarisation des tout petit (maternel) selon les dispositions de la société
- Favoriser l’aide de l’état des collectivités locales ainsi que des entreprises : par des formules comme le parrainage qui contrairement au don qui reste ponctuel, s’inscrit dans la durée.
- Multiplier l’offre (musique, danse, art, environnement)
- Favoriser l’orientation vers tous les métiers et tous les apprentissages


Enseignement secondaire
On retrouve les mêmes difficultés que dans les écoles primaires. C’est vrai qu’à ce stade les enfants sont un peu plus grands et donc ils sont capables d’affronter les difficultés. Malheureusement ils ont aussi l’âge qui permet de les envoyer travailler dans les champs ou dans les ateliers/usines pour aider la famille. Il faut donc rester vigilants.


Objectifs
Il faut augmenter le pourcentage des enfants qui accèdent au secondaire. Comment ? D’abord en motivant l’enfant qui termine le cycle primaire. Il faut qu’il voit dans la poursuite d’étude un moyen d’assurer son avenir (cela a été le cas dans les années 70). Pour cela, il faut introduire la professionnalisation dans l’enseignement secondaire en mettant en place des enseignements qui valorisent les métiers. Mettre en place un stage obligatoire de quelques jours pour découvrir un métier. A la fin du collège, il faut que l’élève ait plus de choix d’orientation et ne pas rester dans les schémas classiques (lettres, sciences, sciences économiques). Il faut développer les formations professionnelles et des baccalauréats professionnels. Il faut informer sur les poursuites d’études
qui mènent à des métiers où l’offre d’emplois est importante. Juste après l’indépendance et jusqu’au milieu des années 80, les enfants faisaient des études et avaient la garantie d’avoir un emploi souvent dans la fonction publique. Petit à petit, la fonction publique s’est saturée et les besoins de l’État ont diminué. Parallèlement, le secteur privé n’a pas été développé pour absorber la main d’oeuvre formée. D’un autre côté, notre système éducatif ne s’est pas adapté aux évolutions du monde économique et n’a pas adapté ses formations aux nouvelles demandes du marché du travail. Il y a donc de plus en plus de diplômés chômeurs. Les enfants ont donc petit à petit perdu confiance dans notre système éducatif. Que faut-il faire ? Il faut adapter notre enseignement et nos formations au tissu économique de notre pays. Il est absurde de continuer à former des générations entières à des sciences dures dont le seul débouché est l’enseignement qui est d’ailleurs saturé ! Il faut développer des formations courtes post-bac qui peuvent être intégrées aux lycées à l’image des BTS (Brevet de Technicien Supérieur) français. Bien sûr, il faut en même temps aménager des passerelles vers des études universitaires longues pour ceux qui en auront les capacités.


Enseignement supérieur
Différentes réformes se sont succédées dont la dernière est le passage au schéma européen (processus de Bologne) LMD (Licence – Master – Doctorat). Au Maroc, le passage à ce schéma a été, dans la plupart des universités, un peu bâclé par manque de temps. Ainsi, on retrouve les mêmes programmes qu’avant avec un découpage, parfois artificiel, en semestres pour coller au schéma LMD.
Il convient de repenser notre système éducatif : nous avons un potentiel (enseignants -chercheurs et administratif & technique), que nous n’utilisons pas correctement ! Il faut mettre l’intérêt de l’étudiant au centre de notre réflexion. Posons-nous la question du devenir de nos étudiants.
Il convient de définir les champs de compétence dont nous avons et aurons besoin à l’avenir, travailler sur un schéma de réussite et de proposition afin que les résultats permettent de répondre à la demande du pays
Il faut introduire la professionnalisation dans nos formations pour que nos étudiants soient mieux préparés pour intégrer le monde du travail.
Nous devons tendre vers un taux d’employabilité maximal pour nos diplômés, notamment en travaillant plus précisément sur la professionnalisation.
Il est temps de mettre en place une agence indépendante d’évaluation qui jugera de l’intérêt d’une formation et de son coût,… Il ne suffit pas d’augmenter le budget de l’éducation nationale, il faut utiliser correctement le budget dont elle dispose. Il faut que l’accréditation de l’offre de formation passe par une évaluation objective pour juger de son intérêt pour l’étudiant.
École publique et privée
Depuis quelques années, on voit arriver sur le marché de l’éducation les écoles privées. D’un point de vue économique ainsi que d’un point de vue pluraliste il semble évident qu’il faille développer ce secteur : l’État ne peut prendre à lui tout seul la charge de l’éducation. On trouve donc des écoles privées à tous les niveaux de la maternelle jusqu’au supérieur. La plupart des écoles privées s’appuient sur le personnel de l’État (enseignants de l’éducation nationale) pour assurer la plus grande partie de leurs enseignements. Actuellement, on constate un engouement
de la population sur ces écoles privées en délaissant l’école publique ! Est-ce que pour autant la formation y est meilleure ? Pas sûr puisque c’est les mêmes enseignants que l’on trouve des deux côtés ! Par contre, le suivi et l’exigence ne sont pas les mêmes.
Alors, pourquoi n’arrive-t-on pas à avoir les mêmes exigences pour l’école publique ?


Propositions
Il serait intéressant de mettre en place une agence indépendante d’évaluation de l’enseignement (à tous les niveaux) pour l’ensemble des écoles publiques et privées. Ceci permettra de mieux connaître notre système pour le rendre plus performant. Il faut impliquer les parents à travers des associations de parents d’élèves pour exiger de la part des acteurs de l’éducation des prestations de qualité.
Mettre en place un dispositif d’apprentissage de la langue pour les parents analphabètes
Préparer les parents à être acteurs de la société notamment les familles les plus démunies en mettant en place des ateliers de socialisation, d’alphabétisation, de connaissances des droits …


Conclusion
Si l’on arrive à rendre accessible l’éducation à toute la population et particulièrement les pauvres, on arrivera à égaliser les revenus ce qui contribuera à une plus forte croissance économique. Il faut investir dans l’éducation des femmes car cela permettra d’atteindre le troisième, quatrième et cinquième objectif. Nous avons tout intérêt à ce que notre système éducatif produise des techniciens et des ingénieurs de haut niveau dans les domaines de pointe. Une main d’oeuvre éduquée et qualifiée permettra à notre pays d’être compétitif. Nous devons également former nos enfants à des métiers adaptés aux nouvelles demandes présentes sur le marché du travail. Bien sûr ceci ne veut pas dire qu’il faut négliger la formation à et par la recherche pour rester dans la compétition internationale. A côté d’une formation initiale de qualité, il faut développer la formation continue pour que toute personne ayant reçu une formation courte puisse travailler et revenir quelques années plus tard pour compléter sa formation et acquérir de nouvelles compétences.

 

 

 

 

 

 

ONG d'action humanitaire et d'aide au développement,
Dotée du statut consultatif général par le Conseil Economique et Social des Nations-Unies
© 2002 - 2006 All Rights Reserved.
 
Télécharger ci-dessous flash player pour une meilleure visualisation